Interview d’AMPERAFRIK par l'agence Anadolu (in French)

Décembre 2014

Au Zimbabwe, au Cameroun, au Ghana, au Burundi, en Afrique du Sud ou au Nigéria, les délestages électriques sont un problème "courant" comme dans nombre d'autres pays africains qui offrent l'occasion aux entreprises chinoises d'intervenir par le moyen de projets aux sommes faramineuses.

Alors que la grogne des Sudafricains monte contre Eskom, la compagnie sud-africaine d’électricité, en raison des délestages importants dans cette deuxième semaine de décembre, la solution se profilerait à des milliers de kilomètres. Une visite concomitante en Chine du président Jacob Zuma semble fructueuse, à en juger par une lettre d'intention signée sur la coopération dans l'énergie nucléaire entre la China National Nuclear Corporation et la South African Nuclear Energy Corporation. Un projet qui donne déjà de l'espoir, en ce qu'il augmentera la capacité en électricité de l'Afrique du Sud, en rangeant ce pays en tant que tout nouveau "trophée électrique" chinois dans le continent noir.

Pour Gilles Salsarulo, Chief operating officer d'Amperafrik, société de référence dans la conception de produits énergétiques innovants sur le continent Africain, cette intervention chinoise très active répond à une situation où "les infrastructures africaines sont défaillantes, en même temps que la demande d'électricité croît de 10 à 12% par an sur le continent"

D'un autre côté, "la Chine qui fait 7% de croissance par an a besoin de sécuriser ses apports énergétiques notamment en pétrole. Ces partenariats gagnant-gagnant lui permettent d'investir massivement en Afrique tout en bénéficiant de conditions avantageuses en matières énergétiques." poursuit Salsarulo, dans une déclaration à Anadolu.

A Harare, capitale du Zimbabwe, la solution miracle aux coupures fréquentes d'électricité a désormais un nom: Sinohydro. Ce groupe chinois, fort d'un prêt de la banque Eximbank, elle-même chinoise, avait signé, à la mi-octobre, un contrat de de 1,5 milliard de dollars pour construire une centrale électrique au charbon qui permettra d'améliorer considérablement la fourniture d'électricité dans ce pays d'Afrique australe.

Une solution qui permettra au Zimbabwe dont les capacités électriques sont déficitaires, notamment en raison d'installations vétustes, d'augmenter sa production en électricité pour correspondre à ces besoins (estimés à 2200 MW alors qu'il en produit 1200) sans recourir à l'importation et en évitant des coupures pouvant aller jusqu'à 18 heures. Pour Salsarulo, la Chine ne fait, à travers ces investissements récurrents sur le continent, que remplir "un vide laissé par l'Europe".

"Les fonds d'investissements européens destinées à l'Afrique sont relayés au énième plan, notamment en matière d'électricité. La stratégie de prédateur adoptée par la Chine lui a permis de sauter sur l'occasion en réalisant, dans le domaine électrique, 30% de son budget alloué à l'Afrique" selon le patron d'Amperafrik.

En outre, cette stratégie offre "l'avantage de solutions clef-en-main. En même temps qu'elle crée ces pôles électriques, elle déploie sa main d'oeuvre rapidement, et il y aujourd'hui 1 million de travailleurs chinois en Afrique." poursuit Salsarulo.

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